Le commerce électronique à l’international représente une opportunité majeure pour les marques, mais se transforme rapidement en champ de mines si certains défis ne sont pas maîtrisés. De la gestion des taxes aux particularités logistiques propres à chaque territoire, les pièges sont nombreux. Découvrez comment les experts du secteur décryptent ces enjeux et conseillent les acteurs du marché pour développer une stratégie digitale internationale rentable et adaptée à un contexte économique et géopolitique complexe.
Attention aux coûts cachés en commerce électronique international
Gérer efficacement les taxes et frais additionnels
Mathieu Grodner, président de Simone Pérèle, partage son expérience lors de l’événement Welcome on Board avec Rémy Daguillard de Stellae et Basile Ricordel de Global-e, mettant en lumière les clés d’une expansion digitale profitable. Le digital, complément précieux au réseau physique de la marque, a d’abord ciblé les marchés essentiels comme les États-Unis et l’Australie, avant de viser d’autres régions, en adaptant la stratégie aux spécificités locales : langue, monnaie, méthodes de paiement, taxes, douanes et complexités logistiques.

Pour Rémy Daguillard, la priorité est de supprimer toutes les barrières à l’achat sur le site, offrant ainsi une expérience utilisateur fluide, quelle que soit la localisation du client. Basile Ricordel insiste sur la nécessité d’une approche réaliste et rentable, rappelant les erreurs fréquentes liées à la mauvaise estimation des droits de douane, des taxes, des coûts logistiques ou des retours clients qui mettent à mal les marges. Cette attention portée aux marges rappelle l’importance des marges ajustées selon les marchés dans une stratégie d’expansion réussie.

Les coûts cachés sont un danger majeur : ils peuvent rapidement grignoter les marges, voire plomber la rentabilité. Les experts recommandent donc de :
- Analyser rigoureusement les droits de douane et taxes afin d’éviter leur double imposition.
- Optimiser les emballages pour réduire les frais de transport.
- Mettre en place des points de collecte pour retour consolidés, limitant les coûts unitaires.
Une implantation progressive reste la meilleure option. Global-e utilise ses données pour cibler les marchés les plus prometteurs selon la marque, tenant compte des pratiques locales, des habitudes consommateur et des tendances macroéconomiques. Par exemple, face à un contexte américain plus complexe aujourd’hui, investir au Japon ou dans d’autres pays dynamiques peut s’avérer stratégique, en se concentrant toujours sur 5 à 10 marchés prioritaires comme le rappelle aussi l’intérêt d’une expansion internationale adaptée et maîtrisée.
Rémy Daguillard met en garde contre la tentation d’une expansion excessive, en soulignant les différences culturelles et réglementaires à intégrer. Le marché mexicain, dynamique mais complexe, illustre cette réalité avec ses coûts cachés spécifiques. Le directeur commercial de Global-e rappelle aussi que le contexte géopolitique instable impose prudence et ajustements permanents dans le déploiement digital.
Mathieu Grodner confirme que la qualité et la cohérence mondiale priment, estimant que le digital pèse désormais 20% de son chiffre d’affaires. L’objectif : devenir une marque internationale homogène, avec des offres et prix cohérents, car le succès passe par la standardisation optimisée et la maîtrise des disparités territoriales.
Une problématique récente est l’abolition de l’exonération de taxes sur les petits colis vers les États-Unis (règle de minimis). Cela a bouleversé les stratégies d’exportation et imposé l’instauration de modèles incluant le paiement anticipé des droits de douane, limitant les impacts négatifs sur la trésorerie. Les marques doivent repenser leurs stocks et options fiscales tout en cherchant à préserver leurs marges sur ce marché-clé, une évolution qui fait écho aux défis liés à la hausse des tarifs douaniers hors États-Unis et ses conséquences directes sur la stratégie commerciale.
En conclusion, bien que le e-commerce ouvre des portes internationales, il exige une préparation minutieuse, un paramétrage localisé finement calibré, et une stratégie d’expansion sélective. Mieux vaut une croissance raisonnée sur quelques marchés prioritaires que de s’égarer à tenter d’être partout sans contrôle réel des coûts.
Conclusion
Le panorama des défis liés à l’e-commerce international souligne l’importance d’une approche globale intégrant aspects logistiques, fiscaux et culturellement adaptés. L’équilibre entre ambition digitale et maîtrise des coûts est la clé pour transformer la présence en ligne en source durable de profit. En prenant appui sur des données précises et un ciblage méthodique, les marques peuvent accéder à de nouveaux marchés tout en préservant leurs marges dans un environnement géopolitique mouvant.
Quels sont les principaux obstacles à une expansion internationale en e-commerce ?
Les obstacles majeurs incluent la gestion complexe des taxes et droits de douane, les différences logistiques et culturelles, les coûts cachés liés aux retours et au conditionnement, ainsi que la nécessité d’adapter l’expérience utilisateur à chaque marché.
Comment optimiser les coûts liés aux retours internationaux ?
Il est recommandé d’établir des points de collecte locaux permettant de consolider les retours sur une base hebdomadaire ou mensuelle, réduisant ainsi les coûts unitaires de transport. Cette organisation facilite aussi la gestion logistique et améliore la satisfaction client.
Pourquoi faut-il privilégier une sélection limitée de marchés internationaux ?
Se focaliser sur cinq à dix marchés prioritaires permet de mieux maîtriser les coûts, d’adapter précisément l’offre et la communication locale, et ainsi d’optimiser la rentabilité avant d’envisager une expansion plus large.
Quels impacts a eu la suppression de la règle de minimis aux États-Unis ?
La suppression de l’exonération des droits de douane sur les petits colis a compliqué l’exportation vers les États-Unis en augmentant les coûts liés aux taxes et à la douane, ce qui oblige les marques à ajuster leurs modèles logistiques et fiscaux pour optimiser la rentabilité sur ce marché clé.
