Après quatre années exceptionnelles, le marché des introductions en bourse (IPO) au Moyen-Orient connaît un net ralentissement en 2025. La région du Golfe, autrefois leader sur la scène internationale grâce à des privatisations gouvernementales ambitieuses et un appui aux marchés financiers locaux, fait aujourd’hui face à une baisse significative des volumes d’émissions et à une concurrence accrue des marchés américain et asiatique. Cet article analyse les causes profondes de ce reflux et les nouvelles dynamiques qui redessinent le paysage financier dans cette zone stratégique.
Le refroidissement de l’activité IPO dans la région du Golfe face à la reprise mondiale
Chute des volumes et retrait des grandes entreprises
La montée en puissance des IPOs au Moyen-Orient s’est interrompue brusquement en 2025. Après des performances remarquables entre 2021 et 2024, les volumes de levées de fonds ont chuté, passant de 13 milliards de dollars en 2024 à moins de 6 milliards cette année, soit une baisse de plus de 50 %. Cette évolution rappelle certaines tendances observées récemment dans le secteur du luxe, où les marques ont dû adapter leur stratégie face au ralentissement du secteur.
Plusieurs facteurs expliquent ce reflux : volatilité des marchés globaux, baisse des prix du pétrole et prudence accrue des investisseurs. L’annulation par la société saoudienne EFSIM Facilities Management d’une introduction de près de 89 millions de dollars illustre bien ce changement de climat. Par ailleurs, le fonds souverain saoudien a ralenti ses projets de privatisation.
Impact sur les acteurs locaux et perspectives économiques
Cette tendance impacte directement les acteurs locaux et la dynamique économique de la région :
- Indice Tadawul en baisse de près de 12 % en 2025, affectant la confiance des investisseurs.
- Diminution des grandes opérations gouvernementales au profit d’initiatives privées plus modestes.
- Recul de la notoriété régionale en tant que place attractive pour les IPOs, concurrencée désormais par les marchés américains et asiatiques.
Les secteurs émergents et les entreprises aux bilans financiers clairs sont privilégiés, tandis que les opérations complexes plus importantes sont remises en question. Cette évolution vers un marché plus mature est comparable à celle observée dans certains marchés secondaires, renforçant la liquidité et la profondeur des échanges, notamment dans le secteur des lunettes connectées avec EssilorLuxottica.
Facteurs majeurs et nouvelles tendances dans les IPO au Moyen-Orient
Contraction des valeurs et changement de stratégie des investisseurs
Face à un climat d’incertitude, les investisseurs optent pour des placements plus sûrs et plus modestes. En 2025, seules quelques IPO dépassent les 500 millions de dollars, avec une seule opération majeure d’environ 1 milliard de dollars menée par la compagnie aérienne Flynas.
Les grandes opérations de plusieurs milliards sont devenues rares, la complexité et la dilution des risques ne séduisent plus. Comme l’indique Mostafa Gad, responsable banque d’investissement chez EFG Hermes, « tout ce qui dépasse 500 millions devient difficile à gérer ».
Évolution du marché secondaire et ajustements des acteurs régionaux
Avec la baisse des introductions en bourse, les marchés secondaires prennent de l’importance :
- Les opérations de follow-on ont atteint jusqu’à 5 milliards de dollars aux Émirats arabes unis, dépassant les montants recueillis via les IPOs pour la première fois.
- Les restructurations d’actions soutenues par des institutions gouvernementales, notamment à Abou Dhabi, renforcent la liquidité et la profondeur du marché.
- À Oman, la chute des volumes IPO est notable après un moment où elle avait même surpassé Londres.
- Au Qatar, des ventes d’actions significatives comme celle d’Ooredoo par l’Abu Dhabi Investment Authority montrent un regain ponctuel d’activité.
Cette réorientation vers un marché plus mature induit une normalisation des gains à l’ouverture. Les premières journées de cotation ne connaissent plus les envolées supérieures à 30 %, mais un retour à une performance plus mesurée, signe d’une consolidation durable du marché. Une situation comparable à celle qui s’observe avec certaines grandes marques dans le secteur retail, où la mode et la joaillerie dominent les ventes au détail, montrant un marché sélectif et mûr.
Conclusion
Après une période brillamment dynamique, le marché des IPO au Moyen-Orient traverse une phase d’ajustement inévitable. La combinaison d’un contexte économique mondial volatile, de la baisse des prix du pétrole et du retour en force des marchés américains et asiatiques incite les acteurs régionaux à privilégier qualité, simplicité et prudence. Cette évolution marque un passage vers une plus grande maturité financière, promettant à terme un environnement plus stable et attractif pour les investisseurs avertis.
Pourquoi l’activité IPO dans la région du Golfe ralentit-elle en 2025 ?
Le ralentissement est dû à la baisse des prix du pétrole, la volatilité des marchés globaux, la prudence des investisseurs, ainsi qu’à la concurrence plus agressive des marchés américains et asiatiques.
Quels sont les impacts du recul des IPOs sur les acteurs économiques locaux ?
Ce recul entraîne une diminution des grandes privatisations gouvernementales, une baisse des indicateurs boursiers clés et une orientation renforcée vers des opérations plus petites et plus transparentes par le secteur privé.
Quelles nouvelles tendances émergent dans les IPO au Moyen-Orient ?
Les investisseurs privilégient désormais des introductions plus modestes et moins complexes, tandis que les opérations secondaires comme les follow-ons gagnent en importance.
Comment évolue la performance des IPO dans la région depuis 2024 ?
Les gains spectaculaires du premier jour observés auparavant ont presque disparu, avec désormais des performances plus mesurées reflétant un marché en pleine maturation.
